Brésil / Oliveira : une « ville moyenne » dans le contexte géographique urbain de Minas Gerais ?

Francisco Martins Cortezzi et Oswaldo Bueno Amorim Filho

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À la fin de la première moitié du 20ème siècle, le thème des villes de taille moyenne commence à jouer un rôle important dans le contexte géographique, en général, et en géographie urbaine, en particulier. Cela se passe premièrement en France où, presque à la même période, les villes de taille moyenne deviennent des objets privilégiés des politiques d’aménagement du territoire.

Cette politique de l’aménagement du territoire français s’est beaucoup inspirée du travail de Jean-François Gravier, Paris et le désert français, publié en 1947. Dans ce travail, Gravier indique que la macrocéphalie – incarnée par Paris en France – devait être contrôlée, de manière à décentraliser certaines activités et fonctions de la capitale, permettant ainsi à d’autres parties du territoire français de trouver un nouveau dynamisme.

À partir de cela, nombreuses ont été les contributions académiques et/ou appliquées pour essayer de réduire au minimum la centralisation et de mieux équilibrer le réseau des villes françaises, en mettant l’accent sur les villes moyennes comme médiateurs possibles de ce processus.

L’expérience française, en particulier, et celle d’autres pays comme le Brésil et le Chili, ont permis l’accumulation d’un ensemble important de travaux de nature théorique sur les villes moyennes. Dans le cas français, certains des travaux du géographe urbaniste Michel Rochefort (1960) et de l’économiste régional Joseph Lajugie (1974) méritent d’être mis en évidence.

On peut comprendre, en observant les deux auteurs précédemment mentionnés et d’autres comme Amorim Filho (1973, 1976 et 1978), Soares (1999), Sposito (2001), Costa (2002), que l’approche de la thématique des villes moyennes se fait sous différentes formes. Certaines recherches donnent la priorité aux aspects économiques, d’autres à la question démographique, ou encore à celle des fonctions. Cet article a pour but d’identifier une ville moyenne à partir de la somme des informations sur sa position géographique, ses relations externes et sa morphologie urbaine, prenant comme exemple la ville d’Oliveira, situé dans l’État de Minas Gerais, au Brésil (figures 1 et 2).

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1. Localisation de Minas Gerais au Brésil (Cortezzi, 2013)

1. Localisation de Minas Gerais au Brésil (Cortezzi, 2013)

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2. Localisation d’Oliveira dans l’État de Minas Gerais (Cortezzi)

2. Localisation d’Oliveira dans l’État de Minas Gerais (Cortezzi)

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Administrativement située dans la région Centre Ouest de l’État de Minas Gerais au Brésil, Oliveira se trouve géographiquement dans la zone périmétropolitaine de la ville de Belo Horizonte (capitale de l’État de Minas Gerais). Selon Conti (2009), cet espace extrêmement hétérogène correspond à un rayon d’environ 200 km à partir de Belo Horizonte. Cette hétérogénéité est caractérisée par la présence d’un ensemble de villes étroitement liées au centre métropolitain, mais aussi par un ensemble de villes en cours d’organisation et de structuration, ainsi que par de petits villages économiquement faibles et peu articulés (ou de manière précaire) avec les deux groupes ci-dessus.

Selon l’Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques (IBGE), en 2010, il y avait dans la municipalité d’Oliveira un total de 39 469 habitants, dont 98 % (39 001) résidaient dans le centre urbain principal. Le territoire de la municipalité bénéficie d’une position géographique relativement favorable dont les raisons sont, entre autres, son encerclement par trois importantes voies routières fédérales : la BR 381 (sur le tronçon qui joint la ville de Belo Horizonte à la ville de São Paulo), la BR 494 (importante liaison entre le centre ouest de l’État de Minas Gerais et la méso-région de Campo as Vertentes – respectivement les villes de Divinópolis et São João Del Rei) et la BR 369 (qui relie Oliveira à la partie sud-est du barrage de Furnas).

Ayant un fort potentiel pour devenir, à moyen terme, une « ville moyenne », Oliveira a été analysée à partir de travaux théoriques et de données empiriques avec l’objectif de cerner son espace de relations. Pour se faire, nous avons enquêté sur l’objet principal d’étude au niveau de l’État, dans une perspective périmétropolitaine, méso-régionale et micro-régionale. Par la suite, nous avons cherché à comprendre l’organisation de la structure morphologique-fonctionnelle de l’espace intra-urbain. En utilisant le modèle caractéristique des villes moyennes de Minas Gerais, un cartogramme représentatif du zonage morphologique-fonctionnel de la ville de Oliveira a été élaboré, dont l’objectif est la recherche d’analogies par rapport à ce niveau hiérarchique urbain.

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Cadre méthodologique

La position (ou situation) géographique est un des plus importants concepts de la discipline géographique, en général, et de la géographie urbaine, en particulier. La caractérisation de la position géographique d’une ville, d’une municipalité ou d’une région doit, en premier lieu, considérer les aspects ou facteurs qui expliquent l’organisation et la structure actuelle de l’unité étudiée. Selon Pierre George (1983, p. 36), la position géographique peut être définie comme « la localisation de la ville en fonction de faits naturels susceptibles, dans le passé ou dans le présent, d’influencer son développement lequel à son tour est lié à la facilité d’expansion ».

Comme cela a été mentionné antérieurement, la position géographique d’Oliveira a été analysée à partir de quatre coupes de territoires, celles-ci sont : l’État de Minas Gerais, la zone métropolitaine de Belo Horizonte, la méso-région ouest de Minas Gerais, et la micro-région d’Oliveira.

À l’échelle de l’État, l’enquête s’est concentrée sur les principales études de géographie urbaine de Minas Gerais, dans lesquelles est inclue cette dernière. Dans ces travaux, nous avons cherché à accompagner la situation (en accentuant la position hiérarchique) d’Oliveira dans les différents systèmes urbains existants dans l’État de Minas Gerais.

Sur le plan périmétropolitain de Belo Horizonte, l’attention s’est tournée vers la régionalisation de cet espace. Selon Conti (2009), il y a cinq régions qui, ensemble, forment l’espace périmétropolitain de la capitale de Minas Gerais. Parmi ces cinq régions identifiées par Conti, Oliveira se trouve dans la zone centre ouest qui, selon cet auteur, est celle qui possède la plus forte unité organique de réseau urbain local, outre sa très grande articulation autour de la métropole.

Pour ce qui est de l’échelle méso-régionale, nous avons choisi d’étudier Oliveira en observant l’index de Minas Gerais de responsabilité sociale (IMRS). Cet IMRS est un index-synthèse dont l’objectif premier est de suivre et d’évaluer l’administration publique dans les municipalités de l’État de Minas Gerais. En plus de cet objectif, le but de l’IMRS est aussi de réunir, dans une seule base de données, des informations dispersées et aux supports et formats variés venant de différentes organisations et institutions, afin de faciliter leur utilisation par les pouvoirs publics et par la société en général. Cet index-synthèse englobe sept aspects : santé, éducation, revenu et emploi, sécurité publique, environnement et assainissement, culture, sports et loisirs, et finances municipales. Variant de 0 à 1 (1 étant la meilleure valeur et 0 la pire), l’IMRS permet de mesurer les impacts des actions des gouvernements locaux, de la société civile, et du marché du point de vue du développement et du bien-être de l’État.

Quant à l’aspect micro-régional, l’objectif a été d’observer les données socio-économiques et la qualité de vie de la ville d’Oliveira. On a donc analysé la population (totale, urbaine et rurale), l’IDH municipal, le PIB, le revenu par habitant, l’espérance de vie à la naissance, le taux de fécondité, le niveau moyen d’études, et les pourcentages d’analphabétisme et de pauvreté. Étant donné que l’on a utilisé des données de périodes spécifiques, il a été possible de réaliser des analyses comparatives entre Oliveira et les municipalités de sa micro-région.

Identifier l’espace de relations externes d’une ville signifie identifier son degré de polarisation. Plus cet espace est important et plus les relations sont intenses, plus important sera le rôle joué par cette ville dans l’intégralité de son réseau urbain. Les relations externes d’une ville peuvent être identifiées à partir de variables isolées et/ou à partir de l’ensemble de ces variables.

Parmi les diverses manières existantes d’identification de la portée, des directions et des intensités des relations externes d’une ville, cette étude a utilisé trois variables importantes qui sont : les flux de transport en commun intermunicipaux, l’origine des patients traités par l’hôpital municipal, et l’origine des élèves qui utilisent les services d’enseignement – cours préparatoires pour les examens d’entrée en faculté et pour concours publics, niveaux techniques supérieurs – localisés à Oliveira.

Les principales idées qui ont amené au choix de la variable « flux de transport en commun intermunicipaux » sont directement liées à celles énumérées par Amorim Filho, dans le travail « Le réseau urbain du bassin de Mucuri » (1990). Dans cet article, l’auteur mentionne qu’à Minas Gerais, aussi bien que dans le reste du Brésil, les principales relations interurbaines de personnes (vues collectivement) se font jusqu’à aujourd’hui à travers le transport en car. Dans ce cas, les directions et les intensités de ces voyages pourraient servir en tant qu’indicateurs fiables de la position relative qu’une ville spécifique occupe dans le réseau urbain auquel elle appartient.

Le choix de la variable « origine des patients traités par l’hôpital municipal » a principalement été fait suivant la bonne position qu’occupe Oliveira dans le sous-index de santé de l’IMRS/2006 (7e place dans le groupe des 44 municipalités de sa méso-région). La position générale de ce sous-index regroupe, entre autres, les bonnes conditions de service médico-hospitalier, et il a donc été jugé pertinent d’évaluer la portée de l’attraction qu’exercent ces services.

Au sujet de la variable « services d’enseignement », il est important de souligner qu’Oliveira possède actuellement deux institutions d’enseignement préparatoire aux examens d’entrée en faculté et aux concours de la fonction publique (Pentágono et Pré-Vestibular Oliveira), deux institutions d’enseignement technique (Instituto Federal de Educação Tecnológica de Minas Gerais – IFET/MG – et Universidade Presidente Antônio Carlos – UNIPAC) et une de niveau supérieur (Fundação Educacional de Oliveira – FEOL), en plus d’une unité du Service National d’Apprentissage Commercial – SENAC/MINAS, dont le siège se trouve à Varginha1.

Une fois les données regroupées, des cartographies des flux et des graphiques des autres données ont été réalisés. Dans le cas des services d’enseignement et pour ceux de nature médico-hospitalière, l’objectif a été de vérifier la portée de ces activités développées à Oliveira. En ce qui concerne l’intensité des voyages en car, le but premier était d’identifier les municipalités avec lesquelles Oliveira a les liaisons les plus intenses.

Au-delà du simple travail sur ces variables de manière isolée, nous avons conçu une matrice des relations externes qui, de par la nature hétérogène de ces variables, a rendu possible une approche, à caractère préliminaire, de ce que devient l’espace des relations externes de la ville. La matrice des relations externes élaborée dans cette étude présente dans les colonnes du tableau les équipements urbains localisés à Oliveira (24 équipements analysés en tout), et dans les lignes, les municipalités ainsi que le total des équipements utilisés par leurs habitants.

À partir de la manipulation de cette matrice, trois niveaux d’intensité de relations externes ont été établis. Ceux-ci sont : relations intenses, relations régulières, et relations faibles. Dans la première catégorie, on trouve des municipalités qui utilisent jusqu’à 75 % des équipements rencontrés à Oliveira. La deuxième est composée des municipalités utilisant entre 40 et 74 % de ces équipements. Finalement, la troisième catégorie regroupe celles qui utilisent entre 20 et 39 % des équipements à disposition. Il est important de souligner que les municipalités dont l’utilisation des équipements est inférieure à 20 % n’ont pas été inclues dans l’espace principal de relations de la ville.

Quant à la morphologie urbaine, cette recherche se propose d’utiliser le « modèle de zonage morphologique-fonctionnel des villes moyennes ». Ce modèle, organisé par Amorim Filho (2005), a été testé dans plusieurs villes de Minas Gerais, et a été relativement efficace dans ses applications. Selon la présente proposition, une ville moyenne doit posséder un centre principal bien défini (ce qui inclut une forte présence d’équipements tertiaires de portée régionale), une vaste zone périurbaine (dont la fonction résidentielle est celle qui prédomine et qui coexiste avec des sous-centres spécialisés ou polyfonctionnels), une zone périphérique de deux sortes (continue et discontinue) et une zone périurbaine (c’est-à-dire un espace transitoire entre les zones urbaines et rurales).

Ce modèle a été choisi car il est spécifique aux villes moyennes de Minas Gerais, précédemment testé lors d’autres recherches. L’objectif principal était d’identifier si les propositions de ce modèle contribuent à la description et à la compréhension de la structure morphologique-fonctionnelle de la ville analysée et dans quelle mesure.

Avec l’aide de ce modèle, et après plusieurs travaux sur le terrain, nous avons pu caractériser de manière fonctionnelle les différents secteurs urbains d’Oliveira, et nous avons élaboré un cartogramme synthétique établissant les principales zones morphologiques-fonctionnelles de son espace intra-urbain.

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Principaux résultats

En faisant une analyse des contextes géographiques urbains précédents de Minas Gerais, et du changement hiérarchique subi par Oliveira dans les études classiques des villes moyennes, nous avons étudié la ville dans le contexte périmétropolitain de Belo Horizonte. Appartenant à l’une des régions les plus articulées et intégrées de cet espace, Oliveira a des relations timides avec cette métropole ; dans certaines études de géographie et d’économie urbaine, Oliveira a été classifiée comme une ville subordonnée aux actions et réactions de la ville de Divinópolis.

À partir d’une coupe territoriale moins ample dans laquelle Divinópolis exerce la principale fonction de liaison entre les centres urbains de moindre taille et la capitale, Oliveira se distingue par la position qu’elle occupe par rapport aux principales routes de connexion de cet espace micro-régional. Au-delà de cette situation – et en raison de celle-ci – Oliveira présente un certain potentiel de polarisation des villes et municipalités de son entourage immédiat.

Oliveira a surpris en occupant la 2e place, parmi 44 municipalités de la méso-région ouest de Minas Gerais, au classement qui évalue la responsabilité sociale de l’administration publique et du développement des municipalités de l’État (figure 3). Dans ce classement qui a été élaboré à partir des données de l’index de Minas Gerais de responsabilité sociale 2006, Oliveira a dépassé des villes comme Divinópolis, Nova Serrana, Formiga et Campo Belo, ne perdant que devant la ville de Piumhi. Ce qui a permis cette position à Oliveira est la moyenne pondérée des valeurs se trouvant dans les sous-index de culture, sports et loisirs (0,890), santé (0,793), finances municipales (0,676), environnement et assainissement (0,388), éducation (0,613), sécurité publique (0,709) et revenu (0,604). Parmi les municipalités analysées, Oliveira a pris la première place générale du sous-index culture, sports et loisirs; dans les autres domaines, si ce n’est celui des revenus, la ville s’est classée parmi les 19 meilleures. En revanche, son sous-index de revenu a pris la 32e position sur les 44 municipalités analysées.

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Cortezzi 3a

3. Méso-région ouest de Minas Gerais : Index de Minas Gerais de Responsabilité Sociale. (Source : Fondation João Pinheiro/2006 ; Auteur : Cortezzi)

3. Méso-région ouest de Minas Gerais : Index de Minas Gerais de Responsabilité Sociale.
(Source : Fondation João Pinheiro/2006 ; Auteur : Cortezzi)

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Sur le plan micro-régional, le différentiel est le numéro total d’habitants d’Oliveira comparé à celui des autres municipalités (figure 4). Avec un total de 39 469 habitants (IBGE/2010), la population d’Oliveira est deux fois plus nombreuse que celle de la deuxième ville la plus peuplée de la micro-région (Santo Antônio do Amparo, 17 349 hab.). Bien que l’importance de la population ne soit pas déterminant, il permet à Oliveira d’avoir une posture différenciée quant aux dynamiques de PIB, IDH, espérance de vie à la naissance, etc., quand on la compare aux huit municipalités qui composent sa micro-région. De plus, Oliveira se démarque aussi lorsque l’on analyse la quantité absolue d’unités de services comme les écoles, banques et établissements médicaux. Une des considérations les plus importantes qui peuvent être faites face à ces analyses est que Oliveira possède certainement une hiérarchie fonctionnelle supérieure à celles des autres municipalités de sa micro-région.

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4. Micro-région d’Oliveira : population totale, rurale et urbaine (Source : Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques 2010 : Auteur : Cortezzi)

4. Micro-région d’Oliveira : population totale, rurale et urbaine (Source : Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques 2010 : Auteur : Cortezzi)

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Du point de vue des relations externes, nous avons identifié que les flux de transport en car sont plus intenses vers les villes ayant une hiérarchie supérieure (figure 5). Des 61 trajets quotidiens qui quittent la gare routière municipale d’Oliveira, 36 d’entre eux (59 %) sont distribués entre Divinópolis, Belo Horizonte, Lavras, São João Del Rei et Campo Belo. À partir de ces données, nous avons perçu que les relations de type « collectif » sont plus de dépendance que de polarisation. S’agissant des services médico-hospitaliers (figure 6), Oliveira ne dépasse pas les limites de sa micro-région, et même dans cet espace, elle n’a pas de relations significatives. Au sujet de l’origine des élèves qui fréquentent les cours préparatoires, techniques et supérieurs (figure 7), Oliveira se démarque par une forte tendance de polarisation sur les habitants des municipalités du « quart nord-est » de la région qui l’enveloppe. Cet espace est composé des municipalités de Passa Tempo, Piracema, Carmópolis de Minas et Itaguara.

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5. Flux de transport en car à partir d’Oliveira. (Source : Gare routière municipale d'Oliveira ; Auteur : Cortezzi)

5. Flux de transport en car à partir d’Oliveira.
(Source : Gare routière municipale d’Oliveira ; Auteur : Cortezzi)

 

6. Origine des patients traités à l'hôpital municipal d’Oliveira entre les années 2007 et 2010 (Source : Hôpital municipal d’Oliveira.)

6. Origine des patients traités à l’hôpital municipal d’Oliveira entre les années 2007 et 2010 (Source : Hôpital municipal d’Oliveira.)

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7. Flux de migration pendulaire (objectif d'étude) : destination Oliveira (Source : Instituts d’enseignement d’Oliveira/2011 ; Auteur : Cortezzi)

7. Flux de migration pendulaire (objectif d’étude) : destination Oliveira (Source : Instituts d’enseignement d’Oliveira/2011 ; Auteur : Cortezzi)

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Selon la matrice des relations externes qui a été élaborée (figure 8), l’espace des relations de la ville d’Oliveira est composé (en plus de son propre territoire) d’une municipalité avec laquelle les relations sont intenses (São Francisco de Paula), de six municipalités avec lesquelles les relations ont été identifiées comme régulières (Bom Sucesso, Carmo da Mata, Carmópolis de Minas, Passa Tempo, Piracema et Santo Antônio de Paula) et de sept avec lesquelles il n’y a que de faibles liens (Candeias, Cláudio, Ibituruna, Itaguara, Perdões, Santana do Jacaré et São Tiago) (figure 9). Le tableau 1 présente l’étendue spatiale et le volume démographique qui, potentiellement, seraient atteints aux différents niveaux d’intensité des relations externes de la ville d’Oliveira.

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8. Matrice des relations externes (fondée sur les municipalités concernées par le rôle des équipements du secteur tertiaire présents dans la ville d’Oliveira – 2011).

8. Matrice des relations externes (fondée sur les municipalités concernées par le rôle des équipements du secteur tertiaire présents dans la ville d’Oliveira – 2011).

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Tableau 1 – Espaço de relações de Oliveira: Extension et populations par niveaux d’intensité des relations externes (Source: Matrice des relations externes et données de l’IBGE.)

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Au sujet de la structure morphologique-fonctionnelle de l’espace intra-urbain, nous avons constaté que celui-ci est sous-divisé en cinq zones principales (figure 10) : une zone centrale bien définie (où sont concentrées les activités tertiaires), l’existence de trois sous-centres polyfonctionnels (dont les dynamiques sont clairement inférieures à celle de la zone centrale), une zone péricentrale relativement étendue (où prédomine la fonction résidentielle, mais où sont intégrées des structures importantes comme une gare routière, l’hôpital municipal, entre autres); une zone périphérique continue (marquée par une nette différence socio-économique); et deux types de zones périphériques non-continues, dont une « organisée » (parcelles terrestres divisées) et une seconde « désorganisée » (caractérisée par des « bidonvilles »).

 

 

9 . Espace des relations d'Oliveira (Source : Matrice des relations externes ; Auteur : Cortezzi)

9 . Espace des relations d’Oliveira (Source : Matrice des relations externes ; Auteur : Cortezzi)

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10. Structure morphologique-fonctionnelle de l'espace intra-urbain d’Oliveira (Source : Intégrées par les auteurs ; Auteur : Cortezzi)

10. Structure morphologique-fonctionnelle de l’espace intra-urbain d’Oliveira (Source : Intégrées par les auteurs ; Auteur : Cortezzi)

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Réflexions finales

Étant plus qu’une simple étape actrice de second plan à l’échelle périmétropolitaine, allant même jusqu’à surprendre des villes comme Divinópolis lorsque l’on pense à l’univers des dimensions de l’IMRS, et atteignant la hiérarchie supérieure de sa micro-région, Oliveira occupe une position assez complexe dans son contexte régional. Bien qu’elle soit dynamique, Oliveira ne peut encore que faiblement contribuer à la vie des municipalités qui se trouvent hors de son espace micro-régional, et même à l’intérieur de cet espace, sa fonction d’intermédiaire entre ces villes et les centres urbains supérieurs n’est encore qu’en phase initiale. Si ce n’est par rapport à la ville de São Francisco de Paula, nous ne pouvons pas considérer qu’Oliveira exerce quelque forme de polarisation régionale forte.

La position géographique d’Oliveira est à la fois son point fort et son point faible. Point fort dans le sens où elle lui permet importants flux de personnes et de marchandises (principalement en raison des autoroutes); point faible à cause de la proximité de centres urbains hiérarchiquement supérieurs comme : Divinópolis (environ 70 km au nord), Campo Belo (environ 60 km au sud-ouest) et Lavras (90 km au sud). L’extension de l’influence de ces villes en vient probablement à « inhiber » une polarisation plus forte de la part d’Oliveira.

Quant à ce qui traite de la structure interne, Oliveira présente une relative complexité ; toutefois, deux caractéristiques la différencient des villes de taille moyenne identifiées par Amorim Filho. La première de celles-ci est relative au processus d’évolution. De manière générale, les villes moyennes de Minas Gerais ont des modèles de croissance « discontinue », c’est à dire où l’on perçoit la coexistence de « vides urbains » de taille importante au milieu de la zone périphérique. L’autre aspect qui se retrouve dans la majorité des villes moyennes de Minas Gerais est qu’elles possèdent un espace de transition entre les zones urbaines et rurales, appelée zone périurbaine, qui a aussi une taille importante. À Oliveira, cet espace transitionnel, bien que présent, a une taille qui n’est pas assez significative.

Selon le concept de ville moyenne sur lequel s’appuie cette recherche, et prenant comme référence la position géographique à différentes échelles d’analyse, les relations externes et la structure morphologique-fonctionnelle de l’espace intra-urbain, nous devons considérer que la ville d’Oliveira, dans le contexte géographique urbain de Minas Gerais, tient une position des plus difficiles à définir, ce qui veut dire située entre le niveau le plus élevé des petites villes et le niveau plus inférieur des villes moyennes. Ce niveau est justement celui défini par Amorim Filho, Bueno et Abreu (1982) comme « centre urbain émergent ».

Malgré cette position relativement indéfinie entre ces deux niveaux hiérarchiques de villes, notre recherche nous conduit à penser que Oliveira est plus proche du niveau des villes moyennes que de celui des petites villes. Dans ce cas, nous nous permettons donc de dire qu’Oliveira est une « ville moyenne en gestation ».

Grâce à l’ensemble des résultats de notre étude, nous avons identifié que le potentiel de polarisation d’Oliveira se projette principalement vers le nord-est. Outre le fait que c’est l’une des directions les plus accessibles à Oliveira (principalement grâce à la présence de la route BR 381), cet espace est aussi le plus éloigné du pouvoir polarisateur des villes de Divinópolis, Campo Belo et Lavras.

Francisco Martins Cortezzi et Oswaldo Bueno Amorim Filho

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Francisco Martins Cortezzi est doctorant en Géographie, à l’Université Paris IV – Sorbonne. Ses thèmes de recherche sont les villes moyennes et la géographie des transports

fmcortezzi AT gmail DOT com

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Oswaldo Bueno Amorim Filho est docteur en Géographie de l’Université de Bordeaux III (1973), Professeur à l’Université Catholique de Minas Gerais, Brésil. Ses thèmes de recherche sont les villes moyennes, la géopolitique, l’épistémologie de la géographie.

taitsonbueno AT gmail DOT com

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Image de couverture : banlieue nord d’Oliveira (Cortezzi, 2011)

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  1. Toutes les institutions ci-dessus mentionnées ont été visitées et des sollicitations ont été transmises à leurs responsables pour obtenir l’origine de leurs élèves respectifs. Après l’envoi d’une sollicitation écrite et formelle à ces institutions, le cours préparatoire Pentágono, l’institution de niveau technique UNIPAC et l’unité du SENAC ne nous ont pas fourni les informations demandées. []

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